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Etape 2 : Refuge de Goriz - Torla

"Merveilleux canyon"

Malgré l’heure d’arrivée très tardive hier soir, j’ai pu trouver un bon emplacement de tente et ai bien dormi. Il fait toujours très beau et la descente du canyon d’Ordesa m’attend. Plusieurs possibilités d'itinéraires s'offrent aux randonneur.se.s ; pour ma part, j'ai choisi la Senda de los cazadores (Sentier des chasseurs), rive gauche, après discussion avec les gardiens du refuge. Il me reste à choisir comment je termine cette étape, soit tout à pied jusqu’à Torla, ce qui ferait pas mal de kilomètres, soit prendre le bus à la Pradera de Ordesa (Prairie d’Ordesa). Enfin, c’est ce que je croyais jusqu’à ce que j’apprenne la veille qu’en raison du covid-19 la navette ne fonctionnait plus ! Heureusement, les voitures sont en conséquence autorisées à monter jusqu’à la prairie. La deuxième possibilité devient donc la liaison Prairie-Torla en stop. J'aviserai en fonction de mon état de forme. 

Marmotte Goriz

Une marmotte peu après le refuge

Je pars à 9h50 seulement, encore décalée dans mes horaires depuis la veille. Je croise encore des marmottes, et m’émerveille de toutes les fleurs qui ponctuent la montagne en ce début d’été. Juillet est vraiment mon mois préféré en montagne pour cette raison, et le Parc national a vraiment une flore très riche. J’arrive ensuite à l’extrémité du canyon d’Ordesa, le point de vue est magnifique, je crois que c’est l’élément de paysage qui m’a le plus convaincue de venir randonner dans ce massif. C’est tellement différent des Pyrénées que je connais côté français ! Ces canyons rappellent immédiatement des paysages de grands parcs américains, on a vraiment l’impression d’être dans un pays lointain.

Canyon d'Ordesa

Vue du haut du canyon d'Ordesa

Canyon Ordesa

La punta Tobacor au-dessus du canyon

Je croise un GRdiste espagnol qui, pensant sans doute à la vue de mon sac et de mes équipements que je fais aussi tout le GR11, me salue et ajoute un « ¿cómo estas ? » J’attrape la perche tendue et m’étale un peu sur ma situation. Lui parcourt bien le GR11 dans son intégralité depuis l’océan jusqu’à la Méditerranée. Le type est très sympa et je le quitte sourire aux lèvres. Il est environ 11h, je prends ensuite le Paso de los mulos, qui mène directement au sentier des chasseurs sans descendre aux Llanos de Soaso, comme conseillé par le gardien du refuge. Mes yeux, déjà émerveillés par la vue du haut du canyon, s’arrêtent sur des edelweiss. C’est la première fois que j’observe l’étoile des neiges !

Etoile des neiges

L'edelweiss

Cilindro del Marboré

Cylindre du Marboré et cascade de la cola de caballo

Je commence à croiser beaucoup de monde qui, faisant une boucle à la journée, arrive en sens inverse. 90% d’entre eux sont espagnols. Au bout de 2 km environ sur le sentier des chasseurs, je retrouve du réseau, grâce à l'ouverture du canyon en direction de la prairie d'Ordesa. Je ne suis pas la seule, c'est le fait de voir deux femmes en train de téléphoner qui m'a fait réaliser que je pouvais enfin donner des nouvelles à mes proches. J'avais en effet perdu le réseau hier soir après le col du Descargador environ. Je déjeune vers 13h au niveau du pocino de Arrazas, en compagnie d'un couple espagnol vraiment charmant, avec qui je passe un petit moment. Du saucisson, une barre Feed, du chocolat et ça repart !

Las tres sorores
Las tres sorores : Cylindre du Marboré, Mont Perdu, Pic d'Añisclo

Le canyon se dévoile petit à petit, jusqu’à découvrir la vire des fleurs et le Tozal del Mallo, qui sont au programme de demain. Les formes, les couleurs sont incroyables, et le paysage gagne encore une dimension lorsque se dévoile la crète frontière enneigée, franchie la veille, avec en son centre la brèche de Roland. Tout est là, les hauts sommets, les gradins enneigés, le massif calcaire lunaire, le canyon, à la fois vertical, abrupt et verdoyant, agrémenté du jaune puissant des ajoncs. Et tous ces plis dans la roche, où que l’on regarde… je pense au fait qu’il a fallu des millions d’années à la nature pour créer une telle merveille, et que l’Homme est de son côté si prompt à détruire d’autres paysages et écosystèmes…

Peña de Otal, Tendeñera et Ripera

Peña de Otal, Tendeñera et Ripera

Le mirador de Calcilarruego permet d'admirer ce paysage dans les meilleures conditions. En regardant en bas, on aperçoit le parking de la pradera. C'est absolument vertigineux, nous sommes à la verticale, 660m de dénivelé nous en séparent. Plus que quelques dizaines de mètres à parcourir à plat, il faudra ensuite tout dévaler dans la forêt. Il est environ 15h quand je commence la descente, armée de mes bâtons pour soulager au mieux le poids de mon sac, je cours quasiment et double certains randonneurs. Le sentier est un bel escalier de pierres taillées et jonché de feuilles mortes, et je prends plaisir à le dévaler à toute vitesse. Malgré des douleurs à l'omoplate, la journée a été plutôt agréable, très ensoleillée et dans un décor magnifique. Depuis une moment déjà, j'ai décidé d'économiser mes forces et de faire la liaison Pradera - Torla en stop. Demain sera déjà une journée chargée, et ensuite ce sera l'ascension du Perdu. J'atteins le parking une petite heure plus tard, vers 16h. Le temps de boire un peu, je me place vers la sortie, tends le pouce et pose mon sac en attendant qu'une voiture me prenne. Quelques voitures passent, et en 5 min chrono, j'ai déjà trouvé une bonne âme, un homme et son jeune fils, avec une toute petite voiture. Nous discutons un peu jusqu'à ma destination, Torla, où j'ai réservé une chambre d'hôtel. Eux remontent ensuite légèrement au-dessus de la ville sur leur lieu de vacances. Fait amusant, avant la crise sanitaire, ils avaient prévu de les passer à l'océan dans mon lieu de vacances habituel ! Je les remercie chaleureusement et nous nous disons adieu.


Faja de las flores

Vue sur la Faja de las flores / la Vire des fleurs

Je me pose un peu à l'hôtel, c'est l'occasion de faire une lessive et d'avoir un peu de confort. Puis je me mets en quête d'un restaurant, j'ai envie de me faire plaisir après tous ces repas Feed, sucrés et peu variés. C'est l'occasion de découvrir Torla. C'est une petite ville charmante avec de jolies maisons en pierre, au pied des montagnes. Une fois attablée devant une belle pizza, je vois deux personnes s'installer plus loin. C'est le père et son fils qui m'ont conduite tout à l'heure ! Je me dis que c'est l'occasion de les remercier et envoie le serveur leur offrir une boisson. Le petit bonhomme revient me voir tout sourire, me remerciant à son tour et me laissant leurs coordonnées, si jamais un jour je passais par chez eux à Pamplune. Bref, une charmante rencontre comme on en fait souvent en randonnée...





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